Streaming Ce plaisir qu'on dit charnel 2160p

Inspiré des dessins de presse pour adultes signés Jules Feiffer, « CE PLAISIR QU’ON DIT CHARNEL », réalisé par le caustique Mike Nichols, est une sorte d’autopsie sans indulgence du mâle américain des seventies.

Suivant plusieurs étapes de la vie de deux copains de fac, le cynique et amoral Jack Nicholson et le naïf Art Garfunkel (oui, de Simon et…). le scénario est une chronique des fantasmes masculins confrontés à la dure réalité de la femme qui évolue et prend son autonomie. Chacun à sa façon, les protagonistes sont terrifiés par le sexe opposé. Nicholson en multipliant les conquêtes, à la recherche de la « bimbo » idéale, mais qui manifeste des petits soucis érectiles et Garfunkel qui au fond, ne comprend rien à rien et ne fait que s’ennuyer à mourir.

On a un peu de mal au dĂ©but Ă  croire que les deux copains et Candice Bergen, l’étudiante qu’ils se « partagent » ont Ă  peine vingt ans, ce qui fausse lĂ©gèrement le propos et la comprĂ©hension de leurs actions. Mais la description quasi-clinique et pas spĂ©cialement drĂ´le de ces individus immatures et complètement creux, est d’une terrible acuitĂ©. Nicholson excelle Ă  jouer les machos misogynes et colĂ©riques cherchant Ă  tout prix Ă  masquer sa fondamentale impuissance. En face d’eux, le seul personnage intĂ©ressant est Ann-Margret, qui apparaĂ®t souvent dĂ©nudĂ©e dans toute la splendeur de ses formes plantureuses, et qui incarne LA femme dont rĂŞvent tous les ados lecteurs de Playboy ou Penthouse. Ă€ part que si on creuse – et c’est ce que fait le film – on devine l’être humain derrière le fantasme stĂ©rĂ©otypĂ© et la triste rĂ©alitĂ© (la dĂ©pression, la dĂ©pendance) au-delĂ  des mensurations de rĂŞve.

Œuvre intelligente, lucide, mais sombre et désespérée, « CE PLAISIR QU’ON DIT CHARNEL » malgré ses promesses affriolantes, laisse un arrière-goût amer. Même le charisme naturel de Nicholson se retourne contre lui, en particulier dans la dernière séquence, avec la prostituée campée par Rita Moreno, où il devient carrément pitoyable.

CANDICE BERGEN, JACK NICHOLSON ET ANN-MARGRET

À noter que dès le générique, en voyant les cadrages, l’utilisation de la musique et même la façon de jouer des comédiens, on se dit que le film a dû avoir une forte influence sur Woody Allen à partir de « ANNIE HALL », tourné six ans plus tard.